Pour la 4ème édition de l’ALAPP (Applied linguistics and Professional Practice) se déroulant du 10 au 12 septembre 2014 à l’Université de Genève, un symposium sera présenté par des chercheurs du réseau LTF.
Il s’intitulera « Langage, travail et formation : quelles articulations avec des publics en insécurité langagière ? » et sera proposé par Virginie André, Maud Ciekanski, Marie-Cécile Guernier, Florence Mourlhon-Dallies, et Valérie Langbach.
Présentation du symposium :
Le réseau Langage, Travail et Formation, créé à Nancy en 2011, rassemble des chercheurs et des acteurs de la formation d’adultes afin de croiser les expériences et les réflexions entre les domaines scientifique et professionnel.
Les travaux portant sur « la part langagière du travail » (Boutet 2001, Filliettaz 2002) ont été menés par des sociolinguistes, des ergonomes, des psychologues ou des sociologues et ont permis de révéler la place grandissante que prennent les aspects verbaux, et plus généralement symboliques, non seulement dans les relations professionnelles mais également dans le processus même de production de biens matériels ou de services. Les travaux pionniers sur ce thème de recherche ont créé un nouveau paradigme transdisciplinaire qui continue à produire des connaissances scientifiques mais également des pistes pour l’intervention sociale.
Par ailleurs, la didactique des langues, dans la continuité des travaux sur l’enseignement/apprentissage des langues de spécialité, a développé un courant de recherche spécifique qui va, pour le français par exemple, du Français sur Objectifs Spécifiques (FOS) au Français Langue Professionnelle (FLP, Mourlhon-Dallies 2008). A cet égard, la didactique des langues s’est appuyée sur les travaux portant sur la part langagière du travail, sans lesquels toute intervention didactique resterait un outillage méthodologique déconnecté des situations de travail et de leur intelligibilité.
La didactique professionnelle quant à elle (Pastré, Mayen, Vergnaud 2006 ; Pastré 2011) s’est intéressée aux questions des formations techniques par les approches scientifiques des sciences de l’éducation, de la psychologie ou de l’ergonomie. Ce faisant, elle s’est retrouvée confrontée à « la part langagière des formations techniques » (André 2009 ; Adami, André 2010) qui ne représente pas un simple vecteur d’informations mais possède une épaisseur qu’il est nécessaire d’interroger. L’ambition de notre réseau de chercheurs est de permettre à ces courants de recherche convergents de se rencontrer et de travailler ensemble.
Notre objectif scientifique pour ce symposium est d’articuler ces différents champs de recherche autour d’une autre problématique : l’insécurité langagière des adultes. L’insécurité langagière concerne des personnes qui éprouvent des difficultés de communication à l’écrit ou à l’oral, en réception ou en production, dans le cadre d’interactions verbales. Ces personnes sont des francophones natifs ou des allophones. Nous définissons l’insécurité langagière comme la difficulté pour un locuteur/scripteur de gérer de façon efficace les interactions verbales dans lesquelles il est engagé, d’un point de vue linguistique, interactionnel, pragmatique et social. Cette capacité de gestion des interactions dépend de facteurs qui ont été depuis longtemps décrits par les travaux relevant de l’approche communicative en didactique des langues. Le locuteur est considéré comme plus ou moins compétent selon qu’il maîtrise les aspects linguistiques, discursifs, pragmatiques ou socioculturels de la communication.
Les trois communications de ce symposium rendent compte d’une enquête empirique multiforme visant à définir ce concept d’insécurité langagière, à analyser les formes qu’elle peut prendre et à en mesurer l’ampleur.
Notre objectif est de démontrer scientifiquement la réalité et l’ampleur de ces insécurités langagières afin de permettre d’élaborer des politiques et des dispositifs d’intégration et de formation linguistiques adaptés et efficients.
Adami H., André V., 2010. Les migrants en insécurité linguistique au travail : analyses et perspectives de formation. Points Communs, n°40, 5-11.
André V., 2009, Les compétences langagières des métiers de la propreté : de l’analyse des situations de communication à la formation professionnelle. Bulletin Suisse de Linguistique Appliquée, 90, p.149-165.
Boutet J. 2001. La part langagière du travail. Langage et société, 98, 17-42.
Filliettaz . 2002. La parole en action, Eléments de pragmatique psycho-sociale. Laval : Editions.
Mourlhon-Dallies F. 2008. Enseigner une langue à des fins professionnelles. Paris : Didier.
Pastré P. 2011. La didactique professionnelle. Approche anthropologique du développement chez les adultes. Paris : PUF.
Pastré P., Mayen P., Vergnaud G. 2006. La didactique professionnelle. Revue française de pédagogie. n°154. 145-198.