Troisième séminaire – 14 juin 2013

Patrick MAYEN (Université de Bourgogne)

Le langage dans les apprentissages et dans la formation professionnelle

La formation professionnelle est confrontée de plusieurs manières à la question du langage : d’abord, parce que de nombreuses situations de travail sont des situations d’interactions verbales, ensuite, parce que, dans les dispositifs d’insertion, les formateurs sont amenés à travailler sur des formes langagières et des tâches sociales qui supposent des apprentissages ou des réapprentissages . Or on pourrait  penser que ces tâches sont maîtrisées par tous. Enfin, dans le domaine de l’enseignement professionnel (lycées, cfa, etc.) les enseignants et formateurs sont en difficulté avec les difficultés scolaires, et une partie des solutions est liée à des phénomènes socio-didactiques et langagiers.

Dans tous les cas, il semble qu’on ne peut pas avancer dans l’analyse du travail ou des activités sociales ou de la formation ni dans la conception de moyens pour agir et résoudre les problèmes sans entrer dans ce qu’on pourrait appeler le « grain fin » des phénomènes langagiers, soit quand le langage est l’objet de la formation, soit quand il est le moyen de la formation. Ce qui se passe à ce niveau de l’activité et des interactions constitue une sorte de zone d’ignorance. En outre, l’approche est coûteuse, longue et ingrate bien qu’elle produise assez vite des résultats observables et satisfaisants pour les acteurs concernés.

 

Jacques Delorme, Marie-Cécile Guernier, Marie-Hélène Lachaud, Jean-Pierre Sautot, Laure Seyvet

Texte oral et texte écrit en situation de travail : des analyses linguistiques et discursives aux perspectives didactiques

Cette contribution au séminaire LTF regroupe des réflexions et des travaux (recherches, démarches, propositions pédagogiques et didactiques) menés à la fois (1) par Marie-Hélène Lachaud dans le cadre de sa  thèse, (2) au sein du projet GRAFFIC (Groupe Recherche Action Formation Français Insertion Compétences) du laboratoire LIDILEM de l’université de Grenoble et (3) au sein de l’organisme de formation ALPES (Association Lyonnaise de Promotion et d’Éducation Sociale). A partir du double constat (1) du décalage entre les demandes en formation des entreprises et des besoins réels des personnes inscrites dans les actions « écrits professionnels » et (2) de la contradiction didactique de fonder, pour des personnes en difficultés avec l’écrit, sa pédagogie uniquement sur celui-ci, deux démarches complémentaires ont été explorées. La première, que l’on peut qualifier d’empirique et de didactique ascendante, identifie, à partir de l’analyse des situations professionnelles, les compétences littératiques des personnes et les situations problèmes récurrentes qu’elles rencontrent. La seconde, que l’on peut qualifier d’expérimentale et de didactique descendante,  identifie, à partir de l’élaboration d’une typologie linguistique et textuelle des écrits professionnels, la congruence entre les compétences orales et scripturales nécessaires à la maîtrise de ces écrits. La comparaison de ces deux démarches et leur mise en perspective didactique débouchent sur les leçons suivantes : (1) dans le domaine de la formation à l’écrit (professionnel ou pas), les objets d’apprentissage et de formation doivent être redéfinis afin d’articuler plus étroitement l’approche linguistique et l’approche littératique ainsi que la maîtrise de l’oral et celle de l’écrit ; (2) en matière de recherche, le couplage entre observation des situations didactiques et expérimentation de scénarios pédagogiques apparaît comme une méthodologie possible et heuristique.