Les travaux portant sur « la part langagière du travail » (Boutet 2001) ont été menés par des sociolinguistes, des ergonomes, des psychologues ou des sociologues et ont permis de révéler la place grandissante que prennent les aspects verbaux, et plus généralement symboliques, non seulement dans les relations professionnelles mais également dans le processus même de production de biens matériels ou de services. Les travaux pionniers sur ce thème de recherche ont créé un nouveau paradigme transdisciplinaire qui continue à produire des connaissances scientifiques mais également des pistes pour l’intervention sociale (Boutet, André, Fraenkel, Fillettaz, etc.) Le réseau Langage et Travail, créé en 1987 et animé entre autres par Josiane Boutet et Bréatrice Fraenkel, a permis d’offrir une visibilité à ces travaux et de démultiplier les approches et les recherches.
Par ailleurs, la didactique des langues, dans la continuité des travaux sur l’enseignement/apprentissage des langues de spécialité, a développé un courant de recherche spécifique qui va, pour le français par exemple, du Français sur Objectifs Spécifiques (FOS, (Mangiante et Parpette) au Français Langue Professionnelle (FLP, Mourlhon-Dallies). A cet égard, la didactique des langues s’est appuyée sur les travaux portant sur la part langagière du travail, sans lesquels toute intervention didactique resterait un outillage méthodologique déconnecté des situations de travail et de leur intelligibilité.
La didactique professionnelle quant à elle (Mayen, Pastré, Vergnaud…) s’est intéressée aux questions des formations techniques par les approches scientifiques des sciences de l’éducation, de la psychologie ou de l’ergonomie. Ce faisant, elle s’est retrouvée confrontée à « la part langagière des formations techniques » (Adami et André) qui ne représente pas un simple vecteur d’informations mais possède une épaisseur qu’il est nécessaire d’interroger.
Enfin, ces recherches rencontrent souvent des publics en insécurité langagière, à l’écrit et/ou à l’oral, migrants ou natifs, qui ont été analysés dans leur parcours d’insertion/intégration sociolangagière mais également dans leurs parcours de formation (Adami, Leclercq, Gohard).
Toutes ces recherches atteignent, chacune à leur façon, leurs points les plus avancés de compétence là où commence le champ de compétences de l’autre. Mais, si objectivement elles convergent, elles n’ont pas pour l’instant opéré leur jonction.
C’est l’ambition que nous avons en créant ce réseau Langage, Travail et Formation : permettre à ces courants de recherche convergents de se rencontrer et de travailler ensemble. Les objectifs, les modalités ou les finalités, notamment en termes de publications, restent à définir et à discuter entre les membres du réseau. Celui-ci a vocation à s’élargir en restant toutefois centré sur les trois éléments qui lui donne son nom.
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