L’intégration républicaine : le choix de l’émancipation
Résumé:
Dans une République, nulle personne n’est a priori citoyenne ou citoyen. Il lui faut le devenir, et cela ne se peut que par un effort. Qu’elle soit installée dans le pays depuis 30
générations ou depuis une génération, quelle que soit sa provenance géographique, sa
conviction personnelle, religieuse ou athée, cet effort est le même, et il recouvre l’accès
raisonné à la conscience de ce que requiert la citoyenneté. Dans la communauté de droit qui définit la République, c’est la volonté de vivre ensemble selon des lois qui est en jeu, et par conséquent la volonté générale, qui vise l’intérêt commun à tous. Ce n’est donc pas
l’appartenance à une tradition, à un groupe religieux ou athée, à une origine géographique
particulière. Unir par ce qui élève, et non par ce qui soumet, telle est la raison d’être de la
République ainsi comprise. Elle a pour corolaires la laïcité et la justice sociale.
Quels sont dès lors les principes fondateurs de la République et de la souveraineté
populaire qu’elle inaugure ? Ce sont la liberté, l’égalité, l’universalité de l’intérêt commun à
tous, et ces principes sont source de fraternité. La laïcité comme indépendance de l’Etat par rapport à la religion comme à l’athéisme rend crédible et vraie la République en s’interdisant de privilégier une catégorie de citoyens et en assurant la promotion de l’autonomie de jugement que requiert une citoyenneté éclairée. Elle vise donc l’émancipation, c’est-à-dire la libération personnelle et collective par rapport à toute dépendance.
Ainsi, l’intégration républicaine comme union libre et fraternelle se fait non par
l’assimilation qui gommerait toute différence ou par la soumission à une autorité religieuse
qui aliénerait la liberté, mais par le processus d’affranchissement par rapport à toute tutelle. L’effort à faire pour y parvenir est tout simplement d’apprendre à penser par soi-même afin de juger en connaissance de cause. D’où le rôle essentiel de l’instruction publique et laïque ; et de l’Ecole qui la dispense. Telle est l’émancipation ainsi promue, et elle délivre de tout faux semblant comme de toute soumission, sans pour autant compromettre le libre accomplissement de la singularité personnelle ou de la particularité partagée.